septembre

c’est la morsure
dans la chair
des mots
qui annule le vide,
les vieux murs

j’aime l’odeur
de l’humus sous
les feuillages
de septembre et
ton regard nomade

(le vent souffle
toujours de l’ouest)
tes doigts griffonnent
le parcours anonyme
des nuages

la faiblesse de la feuille

jasmin de nuit
éclaté
dans la proximité
de la parole

un dernier spectacle
pour la faiblesse
de la feuille
qui s’oppose
obstinément
et s’amincit
jusqu’à l’ombre

in statu nascendi

mais qui cherche encore
le jeu indicible, intact
dans l’air du matin ?

mon complice à cet oubli léger
je te trouve et te perds
dans le carrousel
insoupçonné
de l'été

la girouette

le midi s’émiette
dans la fleur
voisine
et la couleur vierge
des épices
(sur le toit
le vent s'amuse
à tourner une girouette
docile)

sommes-nous prêts
à accueillir
le sommeil et la magie
larmoyante
de l'automne ?

the grasshopper

a step astray
from the path
in the tall grass,
the grasshopper is gone
... a sudden butterfly

tarde sin viento

tarde sin viento,
la ciudad se abre
en la pureza
oculta
de l'oscuridad

une fois encore

je ne pense
pas trop
à ce monde
d'emprunt
qui se vide
dans l’intimité
serrée
des miroirs

mais une fois
encore,
nos chemins
clos,
identiques
nous mènent vers
un seul point de fuite

on n’a pas le temps

non, on n’a pas
le temps
de se disputer
pour trouver le centre
de nos rêves
dépareillés

mes mots troués,
emmurés
dans la bonté
des signes, 
tes paroles légères
comme les robes
des anges

les choses futures

bien sûr,
ça serait plus facile 

de prendre
le raccourci
de l’absolu
que de marcher
sur le fil tendu
des choses futures

nous nous
attachons
au fond de l’œil
du désert
pour apaiser
la rancune
des heures
vides, linéaires

月 - tsuki

il y a surtout
cette lumière bleue
qui les rend verticales
(les feuilles ne font que passer
dans cet espace
interstitiel)

plus tard,
elles amèneront
la lune
dans leur barque

夏 - natsu

fin de l’été,
le vent décoiffe
les tourbillons
des fontaines

鳥 - tori

je voudrais
m’en aller avec toi,
occuper
les hauteurs
des oiseaux
qui se laissent
porter par le vent

est-ce que
être est
comprendre ?

ton regard
contrarié
assombrit
et tourne la mer
d’une couleur
indigo