la montagne

nous serons seuls
à chérir
cette petite montagne
pas plus haute
que l’ombre
des anémones

ce nombril
presque invisible
qui domine
la demeure blanche
des dieux

nous serons seuls
à gravir cette pente
précise
et surpasser
l’axe solitaire
du monde

les rumeurs du printemps

nous partirons
de l’aube,
la musique
de nos pas
atténuera
le froid des nuits
perfides en mars

la lune est
une corolle
qui enfante
les rumeurs
du printemps
(sédiments
sur la ligne de vie)

ex nihilo

une montagne
s’est levée
devant nous

comme un déclic
dans le silence
des fleurs,
le printemps
sort de nulle part
avec ses averses
très probables

dans le brouillard,
un jeune oiseau
apprend à chanter

tout commence

pourquoi la fin
alors que tout commence
tout simplement
avec cet hamamélis
rouge en fleur

le printemps
se répand
dans la paresse
des débris
qui nourrissent
à nouveau
les arbres

è pericoloso sporgersi

tout commence
avec ce trait
de lumière,
ce train
sous le martèlement
de la pluie
en mars,
dans une gare
où seulement les fleurs
de cosmos
s’épanouissent,
danseuses flexibles
du vent

anticipation

comment s'approcher
de la permanence
du cercle ?

le gong initial
des saisons
fait battre mon coeur
(lève-toi !)
sous le treillis
de nouvelles feuilles
la beauté me sourit
et ressaisit
mon âme désuète

les poèmes à haute voix

fin d’hiver,
ce vieux colporteur
de neige qui fond
et ruisselle

(plus rien à dire,
sinon les poèmes
à haute voix)

la rue, en mars, est
un brillant rayon
de miel

la lune d'hiver

la lune d’hiver
glisse au fond
des miroirs
on ne s’approche
pas trop
de ses rayons
qui donnent vie
aux mirages
ternis de la nuit

l’amitié instable des mots

pas la peine
de comprendre
ce oui
inconditionnel
de l’amour

tant qu’on s’aime
on suit
la trace brillante
d’un escargot
et l’amitié
instable des mots