je suis au cœur
d’un précipice
de mémoire
les mots s’enfilent
(de a à z)
dans un algorithme
qui creuse
l’alternance
intraduisible
de la pluie
tu portes
les ombres
déchiquetées
de l’oubli
je répète
les mêmes mots
que je dérobe
au chuchotis
de la source
c’est plutôt
le deuxième regard
pour déchiffrer
l’égarement indolent
des nuages
et comprendre
les dégâts profonds
des sèves
sur le torse
d’un vieux saule
la maison s’éveille
avec la lumière
qui fait oblitérer
les rêves,
avec la brise
qui amène
les chants des merles
en accords mineurs
la vie se passe
derrière les volets
entrouverts
et dans le regard
espiègle
d’un enfant caché
sous la jupe
de sa mère
on ne s’excuse de rien
(coupés du monde)
on persiste dans
l’imposture
de ces blessures
fantômes
tout de même,
on défend
avec véhémence
tout un bazar de mots
pour gommer l’aspérité
d’un temps irréparable