été, allongés
sur la plage
on sent
l’odeur iodée
des algues
la mer émerge
aplatie par
de longues lésions
de lumière
ton regard surpris
semble avoir
une propension
certaine
au bonheur
puisque la floraison
est le commencement
de l'ombre
soir d’été,
on respire
l’air scintillant
d’élytres et de pollen
et j’embrasse le dos
de ta main
qui hésite
on a le même regard
porté sur les mots,
la même hantise
des choses abstraites
qui filent entre les doigts
comme le sable
des dunes
migrantes
elles viennent
à nous
ces heures
ouatées,
circonscrites
dans le silence
des glycines
tout s’ouvre
(par petits bouts)
sur la déclinaison
incessante
de l’ordinaire
le septième jour,
leurs corps
fréquentent le bord
de la chute
leurs lèvres
entament
la texture
d’un murmure
ils ont
dans les yeux
les clefs fleuries
d’un sourire
je me penche
à nouveau
sur l’aridité
indescriptible des mots
on s’alarme
et on se taquine
on respire à peine
ce monde obtus
qui se noie
dans la paix
d’une branche fleurie
qui balance ses pétales
au vent
on ne comprend
plus rien à rien
de la rime incertaine
qui n’a pas de passé
(égarés
dans les entrelacs
des lettres noires)
nous sommes
souvent ailleurs
dans le sourd entêtement de ces jours
sans lendemain
l’amour est un oiseau
qui épouse
les dentelles
de l’aube
il nous chante
tout bas
avec sa voix
d’inquiétude
son âme
se découvre
en tambourinant
(prends garde
à toi, prends garde
à toi)