dialogue caché

tard dans l’après midi,
les nuages se reposent
sur les fils à haute tension

(on passe un à côté de l’autre
dans la fêlure émerveillée
d’un court moment)
je défends
avec assiduité
ce dialogue caché,
cette rotation intérieure

nous resterons
les héritiers infatigables
du rêve

seuls, ensemble

tu es toujours là,
dans le presque rien,
chassé du paradis
des mots

(seuls,
ensemble)
lésions de lumière
derrière le recul
languissant
du printemps

nous

nous,
à l’orée de ces lisières
fleuries en désarroi

(notre maison
est le voyage)

nous,
tangentes aux mystères,
comme les gouttes
de pluie
qui cachent leurs échos
dans la tiédeur noire
de la terre

le printemps

des tâches vertes
timides dans la forêt,
d’un geste machinal,
la vie se déclenche
au rythme
de sèves endormies

le printemps
nous embrasse
(détachement
infatigable
de toute
réminiscence)

la dernière neige

j’ai mal au cœur,
comme les bêtes
blessées
par le printemps
arrivé trop tôt

laisse tout
tomber !
t’es venu
avec la dernière
neige,
avec la confusion
des saisons