nous serons seuls à chérir cette petite montagne pas plus haute que l’ombre des anémones ce nombril presque invisible qui domine la demeure blanche des dieux nous serons seuls à gravir cette pente précise et surpasser l’axe solitaire du monde
nous partirons de l’aube, la musique de nos pas atténuera le froid des nuits perfides en mars la lune est une corolle qui enfante les rumeurs du printemps (sédiments sur la ligne de vie)
une montagne s’est levée devant nous comme un déclic dans le silence des fleurs, le printemps sort de nulle part avec ses averses très probables dans le brouillard, un jeune oiseau apprend à chanter
pourquoi la fin alors que tout commence tout simplement avec cet hamamélis rouge en fleur le printemps se répand dans la paresse des débris qui nourrissent à nouveau les arbres
tout commence avec ce trait de lumière, ce train sous le martèlement de la pluie en mars, dans une gare où seulement les fleurs de cosmos s’épanouissent, danseuses flexibles du vent
comment s'approcher de la permanence du cercle ? le gong initial des saisons fait battre mon coeur (lève-toi !) sous le treillis de nouvelles feuilles la beauté me sourit et ressaisit mon âme désuète
fin d’hiver, ce vieux colporteur de neige qui fond et ruisselle (plus rien à dire, sinon les poèmes à haute voix) la rue, en mars, est un brillant rayon de miel
la lune d’hiver glisse au fond des miroirs on ne s’approche pas trop de ses rayons qui donnent vie aux mirages ternis de la nuit
pas la peine de comprendre ce oui inconditionnel de l’amour tant qu’on s’aime on suit la trace brillante d’un escargot et l’amitié instable des mots