naïvement, j’attends
les missives
de ce printemps
à temps partiel
au dedans
de la pierre,
le e muet
de la pluie
au dessus
des arbres désarmés,
un pont des ailes
toutes nouvelles
il n’y a rien à craindre
ni le sel des mots
ni la mer qui roule
dans l’œil innocent
d’un poisson lune
nous voilà,
les gardiens
du vieux phare
(sans perdre le Nord)
ivres d’un élixir
nouveau de printemps,
naufragés au cap
de Bonne Espérance
juste écrire,
franchir le joyeux
brouhaha des jours
(avec d’infinies
précautions)
surmonter
un dilemme
à la fois
juste écrire,
trouver asile dans
la dichotomie
artificielle
des mots
le printemps
n’est jamais loin
j’écoute
en moi les chants
des arbres
en hibernation
avec leur écorce
érodée par le froid
ces arbres
sacro-saints
aux oiseaux pieux,
déboussolés
par notre désir
de s’approprier
les nuages
nous voilà, à nouveau
en plein exil
hivernal
dedans le blême
périmètre du bonheur
(on s’est déjà
trompé sur
l’idée fixe
du temps arrêté)
au printemps,
je ne connais pas
un meilleur endroit
que la mise-en-scène
des jardins
pour brider
le trop-plein
des pétales et
couleurs