n’aie pas peur
là-haut
on respire
l’air raréfié
d’un alphabet
obscur,
parmi les séraphins
prisonniers
de la douceur
volatile
des mots
l’impatience
de la parole
me brûle
les yeux
tu m’apprends
à tout perdre
dans l’étreinte
qui triche
il n’y aura que
les réponses,
les pâquerettes
et les myosotis
détournés
dans les alluvions
du rêve
chaque mot
je le porte
en moi
(un fauve
languissant
en sourdine)
il s’est endormi
il y a mille ans,
le principe
lumineux
dont on fait
les poèmes
ici finit le soir
sur les improvisations
d’un ciel orageux
assis, au bout du quai,
nos jambes
se balancent
à la musique
des grillons
bruyants
on est bien loin,
tu me parles
la langue oubliée
des silences
je ne comprends plus
la dégringolade
des mots,
mirage
d'une paix
incertaine
chaque matin,
l'automne
commence
à ronger
le bord des feuilles
depuis des jours
je traîne dans
l’ombre des mots
et je me repose
dans la discorde
chaotique
des nuages
la nuit,
je ramasse
les confettis
de la pleine lune
et je chante
pour m’endormir
parmi les pierres
polies du désert
... et pourtant
chaque séquence
de ton écho
est une faible
blessure
dans la peau
du poème
tout est faux
dans ce labyrinthe
émietté,
il n’y a que
nos mots
imprégnés
par l’odeur
du papier
(les fruits
du hasard,
les sorties
de secours)
avant de s’éteindre
la parole
se dissimule
sur les chemins
du vent