chaque printemps j’ai peur pour les bourgeons arrivés trop tôt, surpris par la double
gelée des nuits tu me dis, les mots se meurent aussi, noyés par les cumulonimbus alourdis et dissous dans le gris
un fil tendu (contre l’expansion inguérissable du non-retour) pour éluder la syntaxe hallucinante de nos langues cousues
l’existence des mots fait son lit aux portes d’alpha et oméga et moi, je prie pour l’amour des mains aveugles, pour le serpent, indubitable exacerbation de la bouche qui dévore
art by ivica podnar
un jour, il arrive qu'on tombe amoureux du premier chant d’oiseaux malgré les caresses vitreuses de la neige (semences jumelles) derrière les masques liquéfiés de l’hiver
la pureté submergée des champs violets s’ouvre dans ma mémoire il faisait la fête sous les guirlandes de lumière d’un autre temps le vent vient juste de s’apaiser, otage ahuri des orties mélodieuses
alors, lis pour moi ! l’irrésistible pulsation des voyelles, la phrase pliée aux orbites des comètes lis pour moi jusqu'au lever du soleil quand la lumière devient plus réelle que l’eau salée de l’oubli