chaque printemps
j’ai peur pour
les bourgeons
arrivés trop tôt,
surpris par la double
gelée des nuits
tu me dis, les mots
se meurent aussi, noyés
par les cumulonimbus
alourdis et dissous
dans le gris
un fil tendu
(contre l’expansion
inguérissable
du non-retour)
pour éluder
la syntaxe
hallucinante
de nos langues
cousues
l’existence des mots
fait son lit
aux portes
d’alpha et oméga
et moi, je prie
pour l’amour
des mains aveugles,
pour le serpent,
indubitable
exacerbation
de la bouche
qui dévore
art by ivica podnar
un jour, il arrive
qu'on tombe amoureux
du premier chant
d’oiseaux
malgré les caresses
vitreuses de la neige
(semences jumelles)
derrière les masques
liquéfiés de l’hiver
la pureté
submergée
des champs violets
s’ouvre dans
ma mémoire
il faisait la fête
sous les guirlandes
de lumière
d’un autre temps
le vent vient
juste de s’apaiser,
otage ahuri
des orties
mélodieuses
alors, lis pour moi !
l’irrésistible pulsation
des voyelles,
la phrase pliée
aux orbites
des comètes
lis pour moi
jusqu'au lever du soleil
quand la lumière
devient plus réelle
que l’eau salée
de l’oubli