Sunday, 30 December 2018

les cernes des ormes

il y a 
tous ces départs 
qui augmentent 
en nous 
(comme les cernes 
des ormes)
ils continueront 
leur labeur
en plein vertige 
des mystères 
solaires 


Friday, 28 December 2018

seuls les mots

nous avons goûté 
au subterfuge 
des vagues 
pour franchir 
l'étrangeté d’un temps
innommé,
(seuls les mots)
pour embrasser 
la lumière filtrée 
à la pointe
de tes cils  


Wednesday, 26 December 2018

au jardin des noyers

au jardin des noyers, 
parmi les amarantes 
sommeillantes
(abandon
du sens)
les cris curieux 
des aigrettes 


Monday, 24 December 2018

Icarus

c’est le désir 
irrépressible 
qui me pousse 
doucement 
pour avancer 
dans ce labyrinthe 
au gré des nuits 
blanches 
je suis le scribe 
(sans artifice)
du même amour,
du même élan 
déjà promis 
au soleil 


Saturday, 22 December 2018

le joueur de l’âme

mais qu’il est beau
le joueur de l’âme 
(marchand
des rêves)
il fait des promesses
imprévisibles
comme les traces rondes 
de la pluie évanouie 
dans le sable




amare [] scribere

je continue
à désinventer
cette fiction subtile
lorsque le temps
tremble
avec une douce
peur
et que l’on s’aperçoit
qu’on n’appartient plus
à soi-même



Friday, 21 December 2018

(ohne Worte)

les arbres
en décembre,
le vent lèche
leur écorce 
noire de pluie 
(corps de tendresse 
et d’inquiétude)
il faudrait
que tu devines 
les mots jamais dits 
(signes incrédules)
à la dérive vers 
les nuits tièdes 
du printemps 


Monday, 17 December 2018

deux regards

deux regards 
aux antipodes 
du silence 
(derrière ce mur 
transparent)
incendie de l’âme
point fixe,
l’amour est un dieu
unidimensionnel 


Sunday, 16 December 2018

nul pays

nul pays autre 
que la métamorphose 
(tu me diras :
ce ne sont que des mots)
pour apprendre à être 
consubstance, 
débris d’un temps 
disloqué 
qui vibre 
sur la rétine 


Thursday, 29 November 2018

les filets des mots

tu ne sauras pas
(l’angoisse 
d’un sorcier 
malhabile)

tout repose
dans les filets 
vacillants 
des mots,
dans l’hérésie 
de l’entre-écrire 


Sunday, 25 November 2018

on danse

pendant que
la mer transporte 
la brise bavarde 

on danse 
(sur la pointe des pieds)
comme pour approximer
les mots
et ralentir
les distances


Thursday, 15 November 2018

il se fait tard

il se fait tard,
je retrouve 
tes mots
sur un bout
de papier lisse

arrachés à l’absence,
on n’a rien à voir 
avec l’autre rive
mince fil
de rêve
dans le mouvement 
des dunes


Saturday, 10 November 2018

permanence

tu es permanence
sentier 
agenouillé 
au zénith, 
vol des oies sauvages 
au dessus 
le monde
sans voix


Wednesday, 7 November 2018

novembre

le vent froid
de novembre 
coupe l’haleine 
des arbres

(pour comprendre les distances)

on garde en nous 
le va-et-vient 
des oiseaux 
et les feuilles
à l’orée des nuages


Saturday, 27 October 2018

una sola palabra

recuerdo  
tus ojos
y una sola palabra 
más pura que
la flor soñolienta
de agua


Sunday, 14 October 2018

octobre

adossée 
au bruissement 
des vignes, 
la lune ondulée 
est au pressoir
d’octobre 


Sunday, 7 October 2018

l’œil de l’hiver

derrière des traînées 
d’oiseaux noirs,
sous les étoffes 
en jaune saturé
(serre-moi fort)
avant que l’œil 
affamé de l’hiver 
ne se referme sur 
la double vie 
des arbres


Friday, 21 September 2018

équinoxe II

suis-moi
pour un instant 
(rêve suspendu)
tant que souffle 
le vent qui change 
les saisons 
et nous détourne 
vers les figues 
à la chair de juillet 


Saturday, 15 September 2018

balade

des pommes rouges 
par terre 
(fracture d’un vol
qui s’abîme en douceur)

ivresse
d’une fleur 
que nous n’avons jamais
vue s’épanouir 


Wednesday, 12 September 2018

pour gagner du temps

pour gagner du temps j’ai mis trois cercles d’or autour de ma tempe (nuit de septembre à perte de mots) viens plus près de la lune inconstante qui sommeille


Sunday, 2 September 2018

tango de l’automne

il y a longtemps 
que je compte 
les brisures 
de la parole 

douze fois, 
j’ai noué 
les aiguilles de minuit


Saturday, 25 August 2018

équinoxe

il reste encore
au gré des jours 
l’inaltérable amour 
gravé dans les cieux bas
de septembre 

proche,
le chant d’un cardinal 
rouge


Saturday, 18 August 2018

présent-passé-futur

la pierre exulte 
dans le creuset
du présent-passé-futur 

(corps à corps)
en toi s’achève 
le cantique 
(témoin
de nos offrandes,
de nos destins)



Wednesday, 15 August 2018

l’apogée de l’été

à l’apogée de l’été,
les champs sont 
trop pleins de murmures
(les peupliers tremblants,
ivres d’ouïe)

ombres guéries
des secrets,
je me suis habituée
à votre passage


Wednesday, 8 August 2018

la pluie

la pluie a refroidi 
la peau blanche des bois
au bord dentelé des feuilles,
le monde se reflète 
à l'envers

Monday, 6 August 2018

les ailes du poème

tu marches devant moi,
(les ailes du poème
inventent la mesure)

sûrement plus loin,
(sans autre cheminement)
tes yeux apprendront 
la fulgurance
des syllabes 


Saturday, 4 August 2018

la brume

ignorons les heures
et les portes
d'innombrables matins,
la brume nous tient
dans ses hésitations illuminées



Friday, 3 August 2018

le cœur de la rivière

je ne le sais pas 
le cœur de la rivière,
sa largesse limpide 

déshabillez-nous
de ce fantasme
étiré de la parole 


Friday, 27 July 2018

agapé

je piétine 
autour de 
ce dialogue invisible 

le désir est
un dieu qui fait
graviter les mots 
(sans effort)

saut unique 
dans le cœur 
de l’autre 


Thursday, 19 July 2018

soft shadow

(soft shadow)
perle de mélancolie
distance qui brûle


Saturday, 30 June 2018

la trace du vide

j’aimerais que ton
insolence soit 
toujours neuve 

comme les choses 
qui tombent 
(sans douleur)

on les retient
dans les mots-regards 
(illisibles)

dispersés
dans la trace
du vide


Sunday, 24 June 2018

pathos

le soleil pèse 
sur les herbes
hautes de l’été 

ne cherche plus
la cadence délirante 
sur la peau 
du mouvement 


Saturday, 2 June 2018

méta-solitude

je suis encore là
(le cœur violon
des racines)
méta-solitude, 
point vif
dans le fracas
des mots tamisés

la beauté n'a pas
de lignes propres 



Friday, 25 May 2018

le centre

le centre du poème
est un endroit
plus seul que la respiration 
perceptible des vagues,
une brèche pour avouer
la douceur
exténuée des mots 


Sunday, 20 May 2018

mai

fleurs de cerisier
au mois de mai 
on apprend
leur excès 
sous la nappe de silence

...et je t'écris depuis 



Sunday, 29 April 2018

la chute des fleures

j'entends la chute
des fleurs
(elles frappent
mon réveil)
leurs pétales
au souffle court
basculent dans le vent
et se posent
sur mon front
 


Tuesday, 17 April 2018

tomorrow

tomorrow
my letters will get to you
on bright shades
of purple and green, 
from beyond endless rows
of tamarind trees


Saturday, 14 April 2018

j'amasse des mots

j'amasse des mots
(jacinthes
impérissables, 
échouées sur la ligne
du froid) 

le temps d'un éclair 
je te tiens 
dans mes bras
(poème
privé du corps)
séduit par l'habit 
droit du printemps


Monday, 9 April 2018

avril

poème (sans poids) 
réfugié dans 
ce manque d'air

avril (que nous avons 
tant oublié)
démêle 
le vent fleuri
d'une azalée immaculée 


Monday, 2 April 2018

la tristesse

la tristesse monte
dans tes yeux

les chrysanthèmes
miroitent
dans les heures blanches 





Saturday, 17 March 2018

le matin

le matin, la lumière 
s'arrête au bord 
de ton visage
(petit déjeuner aux abricots
et café au lait) 

jusqu'à toi, 
il y a l'être des mots
et le temps immobile 
avec ses doigts de silence


Sunday, 11 March 2018

je me souviens

je me souviens
une respiration
toute neuve
(tu étais là, 
allongé dans 
les frissons de la pluie) 

juste assez de jour
pour que la langueur du soir
et cette musique dense
s'y confondent 


Saturday, 24 February 2018

mon enfant

mon enfant,
leçon de silence
(inflexion du vent
dans les vertèbres
de tendresse) 
tant on est près 
de tes yeux 
aux baisers 
prémédités


Saturday, 10 February 2018

une fois

une fois que
tu sauras
la séparation
inexplicable des choses, 
(dans un état pur
d'attente) 
la querelle translucide
de la neige 


Wednesday, 17 January 2018

certains mots

il y a sûrement
certains mots
sur lesquels tu t'attardes
comme dans les gouttes
fines de pluie,
comme pour déshabiller
les ombres barbares
de l'amour
qui se donne
qui se prend