sans que personne ne le sache
on signe un pacte
de silence
(coincés entre
l’écorce des arbres)
comme de grandes pendules
sonores, des balançoires
pour les oiseaux
querelleurs
on se prend
maintes fois
pour ces belles créatures
en formation guerrière
dans la masse des nuages
le vent les disperse
en haillons blancs
de passage
il n'y a rien pour se défendre
contre la stupeur fulgurante
de l'hiver
les feuilles s'endorment
maintenant,
tout recroquevillées
sous les couvertures
transparentes
de la neige
le froid
ne tardera pas,
bientôt on va abjurer
tout ce qu’on sait déjà
pour laisser place
aux couches
des feuilles apatrides
et à la désolation
ésotérique de la neige
novembre,
avec ses pluies
désemparées
et l’odeur du
pain chaud
à chaque coin
brisé de rue
sur le macadam,
reverdie hors-saison,
une tapisserie
d’aiguilles de pins
amortit
le bruit de nos pas
elle se porte
encore bien,
la feuille en robe
de juliette dormante
le temps de le dire,
elle s'est rétrécie
dans une étoile
un vent clément
d’été s’attarde
en novembre,
il balaie les nids
vides
des oiseaux
une insurrection
des feuilles par terre
qui portent toujours
le soleil
dans leur dos
neige au début
de novembre,
les feuilles
flottent encore comme
de petits oiseaux légers
—
early November
snow,
leaves
still float like small
weightless birds