la rivière
zigzague
pleine de hâte
sous les couvertures
omniprésentes
du soleil
fruit noir
sans retenue,
humble chantier
de l’été
ça prend
tout un inventaire
des éternités
alignées
à l’ombre verte
des jardins
et puis après,
le timbre de ta voix
qui remet en ordre
l’asymétrie furtive
des pivoines
lune
(halo effiloché)
totem mirobolant
sous le fouillis
de la neige
il y a ces moments
qui nous guérissent
de l’envie de faire
toujours autre chose
(nos cœurs trépignent
d’impatience, figés
dans un futur
antérieur)
et sitôt
qu’on s’éloigne
des nuances tactiles
de la lumière,
le poème
se tient debout
tout seul,
les épaules en avant
comme la proue
des navires
la mer respire,
son souffle intime
chargé
des embruns,
sa chaleur tellurique
sur le sable ridé
de la marée basse
l’air imprégné
de cette pâleur dense,
c’était comme si
l’univers entier
était venu au baptême
des fleurs
(fruits naïfs déjà
à leur insu)
c’est une recherche
des liens
qui palpitent
dans une litanie
saccadée,
le présent
(aux grandes ailes)
s’insinue
dans l’agitation
accueillante
des mots
il neige
au mois de mai,
sous un grand soleil
écorché
parcelle
d'un quotidien
artificiellement aboli,
aujourd’hui s’achève
avec la grâce
de vos mots
ce matin
j’ai acheté des fleurs,
des orchidées
en couleur de la ville
(rouge sur fond blanc)
les tic-tacs
se promènent
dans l’espace du rêve
et du réveil
(les objets ont perdu
leur poids)
les arbres
ne dorment
jamais
leur frondaison
survivra aux caprices
alambiqués
de cet insubmersible
demain